Prendre la parole

Jean-Baptiste Passé, coup de cœur de la Procure, La Croix

En marge de son nouveau roman chez Gallimard, Alexis Jenni publie un texte court, joliment édité par les Éditions du Sonneur. « J’étais muet, puis bègue, puis embarrassé et maintenant je parle sans frémir ». Il y confie son douloureux apprentissage de l’oralité. Mais son amour de la lecture, puis son goût de l’écriture l’aideront à sortir de cette trop longue apnée. L’enseignement, dans sa dimension performative et théâtrale, constituera enfin un cadre d’entrainement légitimiste et libérateur. Désormais, il exulte à pleins poumons ! L’auteur de L’Art français de la guerre (Goncourt 2011, Gallimard) et des Vertus de l’imperfection (Bayad, 2018) dévoile ses combats intimes et nous émeut par ce témoignage résilient qui rend hommage au verbe incarné.

Violaine Anger, Revue Études

Le romancier Alexis Jenni s’interroge sur ce que peut être la parole, d’une façon autobiographique. Il revient sur ses propres difficultés d’enfant marqué par le bégaiement et sur ce que cela apprend de la réalité de la prise de parole. Il évoque aussi le rapport à la parole de ses proches, de ses parents notamment. Le propos évolue de fil en aiguille, à travers la question du silence, des silences, celle de la radio, des livres, du théâtre… La parole, c’est la rencontre du vide, la terreur permanente d’y tomber, le risque sans arrêt repris, selon des façons toujours différentes. Personne n’a rien à dire a priori : un roman naît d’une prise de parole et non d’une bonne histoire. Cette recherche de la parole vraie débouche sur le chant. Il y a des livres qui sont de petits bijoux : celui-ci en est un. Petit, il l’est, par son format et par son nombre de pages. Précieux, il l’est aussi, par sa capacité à partager une expérience existentielle et un itinéraire de vie, de façon simple et juste. Une fois lu de bout en bout, il devient une sorte de compagnon. On est heureux qu’il ait été écrit.