Zebio Còtal
Guido Cavani
Traduction de Muriel Morelli • Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre
La traductrice a obtenu une bourse de création du Centre Occitanie Livre et Lecture pour la traduction de cet ouvrage.
Zebio Còtal est un paysan âpre et fier, qui règne avec brutalité sur sa famille. Accablé par les dettes et rejeté par son entourage, il décide de fuir l’injustice de la pauvreté, jusqu’à s’enfoncer dans une solitude sauvage, au cœur de la nature grandiose du nord de l’Italie.
Avec une écriture saisissante et un réalisme implacable, Guido Cavani livre un roman poignant sur la colère des humiliés et la tragédie des destins imposés. Un chef-d’œuvre oublié de la littérature italienne, dont Pier Paolo Pasolini disait : « Je suis prêt à parier que les personnages de Zebio, de sa vieille épouse, de sa fille, de l’enfant qui meurt, ainsi que certains printemps et tempêtes de neige dans les Apennins font partie des choses les plus solides et impérissables de la production romanesque contemporaine. »
Guido Cavani, né à Modène en 1897, est l’aîné d’une famille modeste de cinq enfants. Après avoir été enrôlé durant la Première Guerre mondiale, il trouve un emploi dans un atelier de typographie. Il devient ensuite magasinier dans une librairie, puis employé municipal, d’abord comme gardien, ensuite comme bibliothécaire à l’Institut de Culture populaire de Modène. Totalement autodidacte, il publie plusieurs recueils de poésie avant d’écrire, en 1958, Zebio Còtal : Liriche campagnole (1923), Lumi di sera (1940), Misericordia del tempo (1954), Riposo d’ogni giorno (1955). Il meurt à Modène en 1967.
Le Matricule des Anges • Éric Dussert
Zebio Còtal est le roman d'n Italien autodidacte originaire de Modène dont le caractère de classique ne peut se démentir : publié à compte ďauteur, il fut intégré à la collection de Giorgio Bassani en 1961 et impressionna Pier Paolo Pasolini par la vérité de son paysage et la rigueur intemporelle de sa trame. À placer du côté des quelques prolétariens ruraux, non loin de Georges Navel et d'Inès Cagnati. Il évoque la famille de Zebio, paysan malcommode qui maltraite les siens, sorte de Monstre à la Gaston Chérau, incontrôlable, mû par une haine de ľautre à la dimension tragique qui le pousse à battre femme et enfants, au point de disperser les êtres qu'il devrait protéger. « Il avait le front bas, des joues lie-de-vin, des yeux porcins et mauvais, un nez court et écrasé (…) Il portait un grand chapeau de paille vert sur la tête. » Zebio est une machine égotiste et intoxiquée par ľalcool, et cependant digne de l'intérêt de Guido Cavani (1897-1967) qui en peint les échecs et la déroute sans jamais sombrer dans la caricature, et dans un subtil échange avec la nature âpre des villages de hauteur des Apennins. « Zebio songea que la vie des hommes ressemblait à celle de la forêt : parasitaire, cruelle, mue par la force et les instincts, plus que par le bon droit de chacun et ľamour de tous, fait illusion plus que de vérité, fausse dans le bien comme dans le mal. »
Soldat durant la Première Guerre mondiale, Cavani aura passé sa vie dans les alentours du livre. D'abord ouvrier dans une imprimerie, puis magasinier dans une librairie puis gardien de bibliothèque et finalement bibliothécaire, il semble avoir su observer les hommes et traduire avec une grande économie, comme le faisait dans La Route au tabac Erskine Caldwell, les émotions de tous et la terrible violence qui jaillit sans cesse. « La montagne est pleine de fous », songe dans sa fuite Zebio. Sans doute la plaine aussi.
ISBN : 9782373853186
Collection : La Grande Collection
Domaine : Italie
Période : XXe siècle
Pages : 240
Parution : 17 avril 2025