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Trois fois la colère

Laurine Roux

Ouvrage publié sous la direction de Marc Villemain

Dans Trois fois la colère, Laurine Roux embarque le lecteur dans des confins alpins, où il découvre une lignée marquée au fer rouge sur trois générations par Hugon de Bure, le seigneur. L’homme est un monstre, il tyrannise ses sujets, le tout avec la bénédiction de l’Église.
Dès l’adolescence, le souverain n’hésite pas à accuser à tort un innocent pour couvrir un crime que lui-même vient de commettre. Après un simulacre de procès, le pauvre bûcheron brûle sous les yeux de sa fille, Gala. Qui s’ensauvage, rencognée dans la forêt. Un jour, Hugon tombe sur elle, la soumet.
De ce viol, naissent trois enfants, séparés dès la naissance. L’accoucheuse confie Reine à Clarisse de Bure, la femme du seigneur. Abandonne Éphraïm sur le seuil d’un prieuré, où un bénédictin l’élèvera comme son propre fils. Quant à la troisième, Mange-Ciel, elle est la seule à grandir auprès de sa mère.
Divisé en quatre parties – Racine, Branche, Sève, Drageon –, le roman retrace la généalogie de cette fratrie. Déroule l’épopée et la rébellion de cette engeance maudite. D’abord parallèles, les fils narratifs peignant la vie des triplés se rapprochent, pour finir par fusionner tragiquement.
Campé à l’époque médiévale, Trois fois la colère s’empare de manière moderne des grandes questions qui taraudent notre modernité : la domination masculine, le hiatus entre la justice et la vengeance, la tension entre l’emprise du passé et les identités à inventer. À quoi s’ajoute ce personnage central de toute l’œuvre de Laurine Roux : la nature. La nature toujours souveraine, toujours promesse de refuge, immuable symbole de l’amour, de l’espoir et de la révolte, qu’augure la citation d’Apollinaire en exergue, Je donne à mon espoir tout l’avenir qui tremble comme une petite lueur au loin dans la forêt.