Virginie Troussier, Actualitté

Virginie Troussier, Actualitté

Lionel-Édouard Martin, pour son dixième roman, se donne pour alibi un meurtre. Si toujours il s’est agi pour ce genre romanesque d’écrire sur l’enquête, le drame, les ficelles, ici, d’autres motifs s’articulent à une anxiété originelle pour composer une galerie d’images concrètes, poétiques, méditatives, de tiraillements et de poursuites existentielles. […] C’est indéniablement dans cette écriture si fine, cisaillée, précise, habile, polie, que jaillit une émotion instinctive. C’est dans le style que l’on se collète au dur désir d’exister. Écrire, ce serait tailler, éplucher, élaguer, essorer, battre les mots comme on bat un tapis, et même trancher dans le cœur, pas de quartier. Lionel-Édouard Martin travaille la phrase dans un corps-à-corps. Il est presque un manuel, un physique. Il a l’exigence au bout des doigts. […] Anaïs ou les Gravières s’offre à lire comme une extraction d’une essence pure et brûlante. Des réminiscences résonnantes et des rencontres violentes — car puisées, peut-être, à l’expérience fondatrice de nous tous. La clé de voûte de l’histoire, la « voussure », est à trouver, dans nos profondeurs, nos abîmes. Tourner les pages, avancer, ne fait que raviver les souvenirs. Il faut regarder le ciel, sans noyer le poisson. La coupe n’est jamais pleine.

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