Romain Verger, Membrane
Qui ignore encore l’histoire fascinante et pathétique de Joseph Merrick, l’Homme-Éléphant, superbement adaptée à l’écran par David Lynch en 1980 ? Sans doute connaît-on moins le récit original qu’en donna Frederick Treves en 1923, le médecin qui le recueillit et l’installa dans une aile du London Hospital après que son montreur se fut débarrassé du fardeau qu’était devenu pour lui ce monstre dont le spectacle jugé dégradant avait été interdit de Londres à Bruxelles. À la suite des éditions Stalker, les Éditions du Sonneur en proposent une nouvelle traduction d’Anne-Sylvie Homassel qui permet d’apprécier le regard de Treves sur son singulier protégé. Or, c’est moins la vision d’un anatomiste que celle d’un homme qui contribue, sans toutefois s’en enorgueillir, à apaiser le martyre d’un être condamné par la maladie à une via dolorosa.