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Rolling Stone • Denis Roulleau

Il s’agit d’une brève histoire. Une histoire complète de l’ivresse serait une histoire complète de l’humanité et nécessiterait beaucoup trop de papier”, explique l’auteur londonien Mark Forsyth, étymologiste nécessairement distingué, mais qui se démarque surtout par sa plume alerte, son humour so british et une érudition sans fond concernant les liquides fermentés ainsi que leurs effets enivrants et historiques.
Saviez-vous que George Washington possédait en 1797 la plus grande distillerie d’Amérique, qui produisait annuellement plus de 40 000 litres de whisky, et que ce breuvage ne fut pas pour rien dans la ruée vers l’ouest ? Ou bien encore que Staline régnât, par la terreur bien sûr, mais également par l’ivresse en saoulant régulièrement à la vodka (quasiment une boisson d’état !) les membres du Politburo afin de leur délier la langue… quand ces derniers ne tombaient pas ivres morts aux pieds du grand guide des peuples.
Si Forsyth démontre avec brio l’universalité de l’ivrognerie, il passe également en revue, irrésistiblement, les us et coutumes de chacun : à propos des vikings, un peuple de soiffard sans égal, “Je n’aurais pas aimé être le viking qui aurait eu l’audace de commander un jus d’orange” ; au sujet de ses compatriotes, “En Angleterre, nous buvons parce que nous avons fini notre journée de labeur, le Suri d’Éthiopie boit parce qu’il la commence” ; concernant les satanés Froggies, “Les Français sont de célèbres buveurs, mais pas de célèbres ivrognes”…
Nul doute que les ouvrages scolaires seraient certainement un peu plus grisants s’ils prenaient en compte avec autant de pertinence ces petites histoires, éthyliques ou non, qui font souvent la grande. À consommer sans modération, l’abus de lecture est bénéfique pour la santé.

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