Philippe Binet, La Dépêche de Tahiti
On sait que Gauguin gardait une affection particulière pour sa fille, bien que séparé d’elle et de sa femme restées au Danemark, alors qu’il se trouvait en Polynésie. En décembre 1892, lors de son premier séjour chez nous, il entama la rédaction d’un cahier qu’il dédia à Aline, âgée alors de quinze ans. Le peintre, en préfaçant ce cahier de pensées et de réflexions, voulait conseiller et mettre en garde une fille qu’il chérissait contre les dangers et autres roueries humaines. Malheureusement, Aline ne lut jamais ces pensées. Elle mourut d’une pneumonie en 1897. Toutefois, à la lecture de ce cahier, on se demande si les pensées et réflexions de Gauguin pouvaient être comprises par une adolescente de quinze ans, tant celles-ci semblent plutôt s’adresser à des adultes en mal de philosophie et de morale. On connaît le Gauguin rebelle et dans ce cahier, il règle quelque peu certains comptes au travers de pensées philosophiques.