Ouest-France Dressage

Ouest-France • Amandine Clévarec

Onze ans après avoir publié son premier livre, la Nantaise Christel Périssé-Nasr revient avec L’art du dressage, roman sans concession qui interroge la notion de virilité.

Quel est votre rapport à l’écriture ?

Comme beaucoup d’écrivains, j’ai commencé à écrire par goût, avec une sorte d’évidence. La lecture et l’écriture s’enchaînent, jusqu’à un premier roman, en 2012, Il n’y a pas de grand soir (éditions Rivages). La professionnalisation passe aussi, pour moi, par l’accompagnement à et par l’écriture. Ateliers et formation sont des espaces mixtes où littératures, pratiques professionnelles, parcours de vie et écritures se répondent. La publication de L’art du dressage aux éditions du Sonneur est un tournant pour moi. Une maison d’édition littéraire et passionnée est une chance pour un auteur.

De quoi parle votre nouveau roman ?

L’art du dressage met en scène un trio, composé d’un père et de ses deux fils. Les deux jeunes gens deviennent des hommes sous la houlette paternelle, qui les forme autant qu’il les déforme. Il s’agit de devenir le soldat que leur père n’a pas pu être, tout en lui restant soumis comme des enfants. Or, il y a plusieurs manières d’être « un bon soldat ». Les deux frères prendront des voies opposées. L’un tentera d’être un soldat traditionnel, l’autre sera une version transfigurée : en lieu et place de médailles, il arbore des titres scolaires, et le statut social devient une arme. Dans ce jeu de dupe, personne ne tue mais tout le monde en rêve.

Qu’est-ce qui a motivé votre écriture ?

J’ai beaucoup tourné autour de la mise en scène de la banalité du mal, sa version quotidienne, les petits crimes de tous les jours, comment les humains s’usent et se plient les uns les autres. Pour ça, je suis entrée au cœur de ce trio, dans ses manies, dans ses représentations, son système de domination, son rapport au couple. Je souhaitais aussi bousculer l’idée d’une société contemporaine civilisée, avec une violence désormais marginale, et explorer au contraire les multiples déclinaisons, les ruses de l’esprit de violence contemporain. La virilité des personnages de L’art du dressage a perdu son sens premier, celui de virtus, qui, à la force physique, adjoint le sens de l’honneur et du courage.

Lettre d'information

Inscrivez-vous à notre lettre d’information pour être tenu au courant de nos publications et des manifestations auxquelles nous participons.