Olivier Quelier, grandeursrvitude

Olivier Quelier, grandeursrvitude

Il a la modestie naturelle de ceux qui s’effacent devant leur sujet. S’y ajoute l’expérience acquise en sillonnant le monde, de rencontres multiples en couverture de conflits… Marc Kravetz est journaliste…

Il a la modestie naturelle de ceux qui s’effacent devant leur sujet. S’y ajoute l’expérience acquise en sillonnant le monde, de rencontres multiples en couverture de conflits… Marc Kravetz est journaliste et grand reporter. Plus clairement : un grand journaliste.

Chaque matin sur France Culture, jusqu’en 2011, Marc Kravetz a présenté son « portrait du jour ». Il a publié aux éditions du Sonneur une sélection de cent cinquante de ses chroniques. Racontées comme autant de petites histoires. Au plus près du réel. Au cœur de l’humain.

C’est un rêve. Le rêve d’un journaliste qui voyage souvent en avion. La nuit, il aperçoit de petites lumières qui clignotent comme des étoiles, 10 000 mètres plus bas. « Un jour, l’avion s’est arrêté dans le ciel et cette petite étoile nous a raconté son histoire, une parmi six milliards et quelque. C’était une histoire unique. Un rêve bien sûr. Mais c’est cette histoire que chaque jour j’ai envie de raconter ».

Le journaliste, c’est Marc Kravetz. Une pointure, disons-le, sa discrétion dût-elle en souffrir. Le rêve, ou ce qui s’en approche, c’était, chaque matin sur France Culture, le « portrait du jour ». Le prolongement de l’aventure a pris la forme d’un livre élégant et racé : Portraits du jour – 150 histoires pour un tour du monde.

Des « stories »

Couverture verte raffinée, à rabats ; mise en page soignée ; documentation fidèlement répertoriée… L’ouvrage a tout du bel objet. Il est bien plus que cela. Un manuel de journalisme à l’usage de tout étudiant passionné ? Bien sûr. Une collection de chroniques comme autant d’éclairages sur le monde qui est le nôtre ? Evidemment.

Mais ces portraits s’imposent avant tout comme une belle leçon d’humanisme et de curiosité. De cette humanité instinctive qui, loin des techniques et des trucs, de l’expérience et du métier, vous permet de « sentir » la bonne anecdote. Pas celle qui donnera matière à un bon article ou à une chronique originale. Mieux : elle sera la charpente d’une véritable histoire, racontée comme telle – à la manière des journalistes anglo-saxons qui produisent non pas des papiers, mais des « stories ».

Actualité et arbitraire

L’avant-propos du livre, intitulé « Portraits du jour, mode d’emploi » est à ce titre aussi passionnant que les cent cinquante histoires qu’il précède. Non que Marc Kravetz y dévoile ses secrets de fabrication – en existe-t-il ?

Mais il y aborde avec finesse quelques aspects du journalisme et explique, sinon sa méthode de travail, du moins ses choix : « La sélection des sujets obéit à des considérations où l’actualité tient naturellement le premier rang, mais où l’arbitraire de l’auteur a aussi son rôle. »

« Ne pas abuser de mon incompétence »

« Néanmoins, poursuit Kravetz, et sans en faire un dogme, plusieurs critères sont à l’œuvre, dont les principaux sont la diversité géographique, la variété des genres (…) et le souci de faire leur part aux domaines les plus divers, notamment pour ce qui touche aux animaux, à la nature, à la science et à la technologie, en essayant de ne pas abuser de mon incompétence ».

La modestie en gage de qualité ? Sans aucun doute. Le journaliste sait s’effacer devant ces anonymes qui, l’espace d’une journée, ont connu les affres ou les joies de l’actualité, avant de replonger  dans le silence de leur ombre.

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