Olivier Quelier, BSC News

Olivier Quelier, BSC News

Aventurier, marin et chercheur d’or, Jack London était aussi un polémiste de talent, comme le prouve ce texte de 1902. Quiconque nourrit un homme est son maître jette un regard critique sur la condition de l’écrivain et, au-delà, sur un monde mené par l’argent. Les journalistes constateront avec amertume qu’au début du vingtième siècle déjà, « le rédacteur en chef est dominé par le directeur commercial qui garde les yeux rivés sur le tirage » puisqu’un gros tirage « apporte la publicité qui fait rentrer l’argent ». Le rédacteur en chef ne fait pas « commerce d’immortalité ». Peu lui importent les textes ou les nouvelles qui s’inscriront dans la durée : « Le plus grand nombre réclame de la littérature immédiate », se moquant de « l’estimation à long terme ». Ce public est prêt à payer quelques cents pour acheter le magazine et, donc, nourrir l’écrivain. Or, « quiconque nourrit un homme est son maître ». Tout le paradoxe de l’homme de plume réside dans ce dilemme : l’ambition face à la nécessité ; l’immortalité ou du pain et de la viande : « Le monde s’oppose étrangement et implacablement à ce qu’il échange la joie de son cœur contre le réconfort de son estomac. »

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