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Rolling Stone • Philippe Blanchet

Voyage à travers champs, dans les plaines infinies du Midwest, avec un vieil Indien lakota plein de sagesse et d’humour.

« Le long de l’autoroute, annoncées au loin par d’énormes silos à grains ou des clochers d’église, défilaient de petites villes discrètes, isolées, tranquilles.
La radio s’éveillait, puis se faisait silencieuse, proposant des plages de rock ou de musique classique, avant de disparaître au milieu des parasites. Je passai de la F.M. à l’A.M. Rapports fermiers, publicités locales pour quincailleries, promotions sur râteaux, engrais et fourrage.
Je vérifiais et marquais ma progression sur une carte. Les réserves y étaient représentées par de simples carrés presque incolores entourés de pointillés. J’essayais d’imaginer une Amérique vue depuis ces petites îles perdues au milieu d’une mer de villes et de fermes envahissantes. »

Tout commence par un coup de fil longue distance. Un Indien lakota, Dan, contacte par l’intermédiaire de sa petite-fille (lui ne touche pas au téléphone) un certain Kent Nerburn, universitaire et auteur de plusieurs ouvrages sur la communauté indienne. Le vieillard veut absolument lui parler et lui demande de venir le voir, dans sa réserve perdue au milieu des grandes plaines du Dakota. Quelques mois plus tard, Nerburn débarque en face d’une petite cabane en planches, devant laquelle une bagnole sur cale sert de niche à une vieille chienne. Dan, le visage fendillé et ridé, ses longs cheveux gris attachés en queue-de-cheval, lui demande d’écrire sur sa vie, et lui sort une liasse de feuilles volantes et de notes gribouillées sur des morceaux de serviettes en papier ou au dos d’enveloppes. Nerburn prend alors conscience de là où il vient de mettre les pieds : « Au bout de deux pages, je sus que j’étais en présence de quelqu’un d’extraordinaire. Le vieil homme n’était ni le cinglé redouté ni le chroniqueur espéré. C’était un penseur pur et simple, qui avait scruté longuement et impitoyablement le monde qui l’entourait. » Flanqué de sa vieille chienne et d’un ami d’enfance, Dan embarque alors l’écrivain dans un étonnant road trip à travers prairies et champs, au cœur de l’Ouest américain, au volant d’une vieille Buick verte aux amortisseurs subclaquants, et lui raconte, au gré du voyage, son histoire et celle de son peuple.

Ce livre (paru aux États-Unis en 1995, adapté à l’écran en 2016, et enfin aujourd’hui publié en France) est un document sur la culture amérindienne qui ne ressemble à aucun autre, un témoignage exceptionnel et extrêmement émouvant sur la vie quotidienne, l’histoire et la spiritualité indiennes qui bouscule allègrement, parfois avec un humour plein de finesse, tous les clichés liés aux sujets. Robert Plant ne s’y est pas trompé. Lors d’une tournée américaine en 2017, en duo avec Alison Krauss, le chanteur de Led Zep tombe par hasard sur un exemplaire de Ni loup ni chien dans une librairie de Denver, Colorado, et glisse le bouquin dans ses bagages. C’est depuis un de ses livres de chevet. « Le travail de Kent m’a accompagné et continuera de le faire, extraordinaire et à jamais précieux, confie-t-il dans une préface à cette édition. Au milieu de la confusion des temps modernes, il donne voix à l’éblouissant esprit d’un peuple magnifique. » Un grand livre pour l’été.

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