Marianne L., Senscritique

Marianne L., Senscritique

Emmanuel Ruben part avec sa seule plume à la recherche de son grand-père, juif pied-noir, matelot inconnu, homme parti trop tôt d’un seul coup de feu – PAN, à bout portant – et qui fit de lui un étranger à jamais.
Malgré l’absence de traces de la vie de cet homme, Emmanuel Ruben refuse la fiction ; il ne veut pas inventer la vie de son grand-père, mais le faire sortir de la nuit et du songe.
« Tu ne seras pas non plus l’alibi d’un roman. Tu n’as pas laissé suffisamment d’indices derrière toi pour que puisse s’élever à la place d’une tombe introuvable ce genre d’échafaudage amidonné. »
Alors il puise dans une mémoire noire, et dans le parcours et les mots de son contemporain Albert Camus, pour tracer son ombre sur le papier. Sur les lambeaux de cette vie inachevée, avec en filigrane les livres de Camus, il évoque la vie et l’Algérie de légende du grand-père, marquée par l’intime – la disparition de sa mère – et par la grande histoire, elle aussi si souvent oubliée : la misère du peuple algérien en 1945, les massacres de Sétif et de Guelma, ville natale de son aïeul, et les tourments de la guerre d’Algérie, superbement évoqués par un homme qui n’a pourtant jamais vu Alger.
Ce texte extraordinaire est un envol dès les premières phrases, ce que peut la littérature quand, sur le terreau d’un grand classicisme, elle emmène le lecteur en territoire inconnu. Ainsi, Emmanuel Ruben éclaire les bordures du noir, et nous livre un texte magnifique, né de cette souffrance et de cette histoire qui ne pouvaient pas être dites mais simplement écrites.

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