Librairie Charybde (Paris)
Publié en 2013 aux Éditions du Sonneur, le deuxième roman du géographe et écrivain Emmanuel Ruben propose une quête personnelle sur les traces d’un grand-père juif pied-noir suicidé, en forme à la fois d’adresse intime et de parcours intense de l’histoire franco-algérienne.
Ce texte intense réussit la prouesse, relativement rare, de maintenir la lectrice ou le lecteur, tout au long de ses 120 pages, en un constant et subtil déséquilibre, entre la bribe arrachée au réel, photo résiduelle ou témoignage sybillin, l’imagination orientée de l’écrivain, la résonance qui s’établit progressivement vis-à-vis de moments-clé de la correspondance entre Albert Camus et René Char, et le reconstruction mentale d’une Algérie dégagée des mythes pour révéler une essence de beauté survivaliste, en contournant néanmoins, à chaque instant, la tentation pseudo-biographique ou auto-fictionnelle.
Associant une simplicité et une forte expression en première intention à une complexité des motifs et une richesse du propos, servi par une écriture d’une extrême précision, ce texte qui peut se dévoiler à nouveau, différent, à chaque nouvelle lecture, est sans doute l’un des plus impressionnants que j’aie rencontrés ces dernières années.