Jean Ristat, Les Lettres françaises
On ne sort pas indemne de la lecture de Paysages sous la pluie, le troisième livre de Marie-Noël Rio. Longtemps sa voix m’a hanté dans la nuit, une voix douce et mélancolique qui, pourtant, a le tranchant et l’éclat d’une lame de couteau. Fine et acérée, elle va droit au cœur qu’elle met à nu, comme dit l’ami Baudelaire. C’est dire la violence qu’elle porte en elle, qui n’est jamais que celle d’une vérité qui s’expose dans un phrasé sans ornements ni fioritures. […] Marie-Noël Rio sait comme personne dessiner un portrait, saisir une personnalité en quelques mots. […] Dans l’écriture de Marie-Noël Rio le détail a la plus grande importance. Ce qui, soit dit en passant, fait l’écrivain. […] L’oubli a fait son travail dans les plis de la mémoire. Paysages sous la pluie est une remarquable réflexion sur le temps ; sur la figure de la mère toute-puissante et meurtrière.
Je vous invite donc à vous procurer ce beau livre et à le glisser dans votre poche pour, après l’avoir vu, le relire tout à loisir. Et à rêver cette fois dans les plis du temps. Je ne sais pas pourquoi, mais il me vient à l’esprit un vers d’Aragon : « Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes. »