Guillaume Le Douarin, Magazine Pages
L’auteur est-il un proscrit qui court se réfugier dans les forêts espérant ainsi échapper à la marche du temps ? Je dirais plutôt qu’il nous offre un des plus beaux voyages dans la pensée et l’art. Ce texte inédit en français, traduit du tchèque par Benoît Meunier, nous donne une leçon de beauté comme si l’écrivain avait voulu nous prémunir contre les horreurs futures. Un modeste viatique face à la vague des extrémismes qui montent en Europe. Dans sa préface, Cees Nooteboom, grand voyageur au demeurant, précise que ce combat était perdu d’avance pour Karel Čapek. Mais il reste l’œuvre et c’est peut-être cela qui compte. Au-delà du contexte politique, ce livre itinéraire nous emmène vers des pays fabuleux. La prose de Karel Čapek est économe et légère, une longue poésie qui nous laisse libre de rêver et d’imaginer le Grand Nord. Partir au loin comme pour revenir à soi et à l’essentielle beauté de la nature. Les Éditions du Sonneur ont eu grandement raison de publier cet inédit, par ailleurs agrémenté de 170 dessins de l’auteur.