Frédérique Fanchette, Libération

Frédérique Fanchette, Libération

Avant que Rimbaud ne parte « trafiquer dans l’inconnu » en Abyssinie, il y eut plusieurs répétitions de grands départs. Rimbaud à Alexandrie, Rimbaud à Chypre, Rimbaud soldat dans l’armée coloniale néerlandaise… C’est cet épisode, datant de 1876, quatre ans avant la fuite à Aden, que Jamie James, ancien critique d’art du New Yorker établi en Indonésie, raconte dans un livre à couverture mauve, couleur de demi-deuil.
[…] On apprend des détails étonnants. Il faut imaginer Rimbaud en uniforme tropical, chemise blanche, pantalon à rayures bleues et blanches et beret écossais… Mais cela ne dure pas. Il déserte le 15 août, ce qu’attestent les archives militaires. Sa trace se perd jusqu’à la fin décembre où on le retrouve à Charleville chez sa mère, « bronzé et barbu ». Il a vécu avec les orangs-outans, raconte de façon fantaisiste dans sa biographie le beau-frère Paterne Berrichon.
L’hypothèse la plus séduisante est qu’il se serait fait embarquer sous un faux nom sur un voilier écossais. Le Wandering Chief, qui connut une mémorable tempête au cap de Bonne-Espérance. Des rimbaldiens croient même tenir le nom d’emprunt qui aurait servi à Rimbaud pour se faire embaucher comme membre d’équipage : Edwin Holmes, marin fantôme sur un vaisseau fantôme.

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