François-Guillaume Lorrain, Le Point

François-Guillaume Lorrain, Le Point
Autre facette du talent de Chaplin, le trépidant Tour du monde qu’il livre au magazine Woman’s Home Companion en 1931 alors que, épuisé par les trois ans de travail qu’ont demandé Les Lumières de la ville, il n’a qu’une envie : prendre des vacances.
Elles seront longues : seize mois. Pendant lesquelles, inapte à l’inaction, il livre ce feuilleton en cinq épisodes, exhumé par les Éditions du Sonneur, qui ont ensuite contacté l’association Chaplin. Charlot en 1931, c’est un peu les Beatles en 1965 ou Jay-Z aujourd’hui. Partout, à Alger, Vienne, Grasse, Tokyo et même à Bali, il est fêté par la foule en délire. « Il répugne aux feux de la rampe, mais ils lui manquent s’ils ne sont pas orientés sur lui. » Ainsi disait son ami l’écrivain Thomas Burke, l’homme qui a le mieux résumé les contradictions de cette « créature dure, brillante glacée » mais qui fond en larmes après avoir revu son orphelinat anglais. La liste de VIP qui demandent à le rencontrer est elle aussi impressionnante : Shaw, Huxley, Maeterlinck, Morand. On le voit avec ses amis Churchill ou Einstein, lequel, après un long débat, lui déclare : « Vous n’êtes pas un comédien, mais un économiste. » Car Chaplin, entre deux morceaux de bravoure sur une chasse à courre avec le duc de Westminster ou une leçon de ski avec Douglas Fairbanks à Saint-Moritz, livre ses dialogues sur le monde tel qu’il va et ne va pas. Un voyage qui sera aussi un laboratoire pour la suite, comme sa rencontre avec le roi des Belges dont il se servira pour une scène-culte du Dictateur.

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