François Cérésa, Madame Figaro

François Cérésa, Madame Figaro

Entre une mère adorée et un père détesté, il y a l’enfant. La narratrice. Marie-Noël Rio, dont le style a tantôt la sécheresse de la badine, tantôt la finesse de l’éventail. Afrique, début des années 1950. En pleine colonisation. Outre ce père tout droit sorti de Tintin au Congo, il y a la chaleur torride et les animaux rampants. Le père, c’est l’« exécré ». La mère, « Maman ». L’enfant cauchemarde: la momie de Rascar Capac vient la hanter comme dans Les Sept boules de cristal. C’est lent, lancinant, aussi étrange que cette Afrique où rien ne se déroule comme ailleurs. La haine semble avoir la puissance du lac Tanganyika. Un jour, pourtant, l’exécré prend l’enfant dans ses bras et lui dit : « Grandis bien, ma petite fille, travaille bien, je penserai à toi. » Il suffisait de quelques mots. Se tromper, c’est terrible. Et le départ, encore plus. La mère et l’enfant retournent en France, sans le père, dans une sorte d’exil qui, un jour, permettra à l’enfant d’évoquer ces liens qui l’unissent au continent noir. Vingt ans plus tard, elle se souvient. Son père, cette ferme africaine, une nostalgie qui n’en finit pas. Et cela, la nostalgie, Mme Rio, elle connaît. Son livre est superbe. On entend au loin la sirène d’un cargo, on se rappelle la cinéma Éden et l’on boit un dernier Blue Lagoon à la terrasse du Palmier en zinc.

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