Franck Mannoni, Le Matricule des anges
Habitué aux longs romans qui ont fait sa gloire, aux feuilletons dont la presse était férue, William Wilkie Collins (1824-1889) fait partie de ces auteurs de l’époque victorienne qui ont su être populaires tout en étant reconnus par la critique. L’aventure, le mystère et un regard acéré sur les injustices sociales ont construit sa notoriété, à l’instar de Dickens, qui était son ami. À côté de ses œuvres majeures (Sans nom, La Pierre de Lune), figure En quête du rien, nouvelle pleine d’humour qui suit les mésaventures d’un écrivain atteint d’une étrange affection, « le mal de l’activité » aurait dit Paul Valéry. Un médecin, aussi théâtral qu’incompétent, ordonne à l’auteur une cure drastique : il pourra vivre comme il lui plaira, mais à deux conditions, « rester tranquille et ne rien faire ». […] Collins n’est certes pas un moraliste, mais il applique à sa nouvelle une morale en deux temps. Tout d’abord, l’oisiveté conseillée à son personnage mène à la déprime et à l’alcoolisme. En découle une ode au travail de l’artiste, saine activité de l’esprit, parfois condamnée par les bien-pensants.
Une profession de foi acidulée, pour un texte qui se présente comme un bonbon littéraire.