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Vincent Malausa, Les Cahiers du cinéma

Sait-on assez que « le plus fieffé menteur d’Hollywood » fut un aventurier digne de ses personnages de Capitaine Blood ou d’Aventures en Birmanie ? Ce petit ouvrage reproduit deux articles publiés par Errol Flynn pour des gazettes de l’époque, l’une en 1937 après un voyage dans l’Espagne en pleine guerre civile, l’autre en 1959 suite à sa rencontre avec Fidel Castro en pleine jungle. Ces deux articles mettent en scène l’acteur dans une truculence fleurie qui ne convainc évidemment pas par sa rigueur journalistique ou sa fiabilité historique. Le portrait d’un Casto potache en jeep rouge, les figures farcesques (Pedro le chauffeur dont la conduite évoque les cascades du Carpentier de P’tit Quinquin en pleine jungle cubaine), l’improbable compère de l’acteur en Espagne Hermann Erben (jugé plus tard pour l’intelligence avec les nazis), tout cela participe d’un romanesque qui vaut moins comme prolongement fantasmé de la filmographie de Flynn que comme reflux de son identité profonde : non pas celle de la star irlandaise qu’il feignait d’être – l’une de ses plus hilarantes impostures – mais celle du natif de Tasmanie qui, dans sa jeunesse, explora des contrées improbables, mi-baroudeur colonial mi-charlatan en haillons, notamment dans les jungles mythiques de la Nouvelle-Guinée. Il y a dans le détachement flamboyant et carnavalesque de certaines descriptions – bombardement sur le front de Guadalajara ou coup de foudre dans un aéroport de cambrousse – un style écorcheur qui fait boire chacune de ces pages comme autant de gorgées brûlantes de rhum.

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