EtudesBerthet

Revue Études • Elodie Pinel

Les cent cinquante ans de la Commune ont été l’occasion de commémorations, de documentaires et de publications riches et éclairantes. Si Gallimard a réédité Les « Pétroleuses » d’Édith Thomas, indisponible depuis trop longtemps, et les Mémoires de Louise Michel, les Éditions du Sonneur proposent avec Jetés aux ténèbres un roman historique retraçant l’aventure intérieure des damnés de la Commune. Sandrine Berthet nous entraîne à la suite d’Étienne Delandre, révolté de Paris amené sur le Danaé vers l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie. De la traversée à la détention sur l’île durant cinq années, puis à la réintégration à la vie civile à Nouméa, la réclusion des bagnards dans un espace naturel mais clos y est narrée avec sensibilité et vraisemblance. Le voyage dans le temps que l’ouvrage nous fait opérer est saisissant : le temps s’égrène lentement dans le récit de ce bagnard qui attend des nouvelles de sa famille, observe ses congénères, échange avec Louise Michel, voit certains se marier, d’autres désespérer, d’autres périr… La reconstitution historique est d’une grande fidélité, tant sur le plan matériel que sur le plan idéologique : le roman se tient loin de tout cliché comme de tout effet et retranscrit au plus près les doutes des uns face à la promesse d’une grâce et la volonté des autres de poursuivre le combat jusqu’à l’attente d’une amnistie. Loin de la caricature du révolutionnaire sanguinaire, on se tient auprès des Communards comme auprès de frères et d’amis épris d’un idéal de justice sociale pour lequel leur temps n’était pas prêt, et l’on partage leur solitude confinée comme ensuite leur espoir, à leur retour, d’une vie nouvelle.

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