Le Dauphiné • Agnès Braisaz
Son livre Mont des ourses est en lice pour le Prix des libraires, et déjà en réimpression.Rencontre avec Émilie Devèze, qui a grandi dans les Alpes du Sud et signe un premier opus plein d’imagination et d’humour.
« Les lettres de mon moulin et Pierre et le loup, que j’écoutais en boucle, ont façonné mon esprit de gamine » confie Émilie Devèze qui, avec ce premier roman, est en lice avec neuf auteurs pour le Prix des libraires que 1200 professionnels décerneront d’ici le 14 mai. « J’ai toujours aimé les histoires », poursuit celle qui a fait une partie de sa scolarité dans les Alpes-de-Haute-Provence. « Je me souviens encore du bibliobus de Riez qui me permettait à chaque fois de faire le plein de livres. J’aimais les romans forts en émotion dans lesquels les enfants sont victimes des adultes comme Poil de carotte ou Vipère au poing »
Collégienne, son appétit pour la lecture est intact. Elle vit alors avec sa famille, à la suite d’une mutation professionnelle, à Saint-Bonnet-en-Champsaur. Son appétence est consolidée par ses professeurs de français du lycée gapençais Aristide Briand. Puis direction Aix-enProvence pour des études de philo. « Je me posais beaucoup de questions sur la vie », indique Émilie Devèze. Des études qu’elle complète, quelques années après – alors qu’elle est enseignante en langues étrangères aux États-Unis, puis en Asie et enfin, depuis 10 ans, en Espagne – par un master de lettres et un travail sur le conte. Ce master lui permet « de désacraliser la littérature. En fait, cela fait une vingtaine d’années que j’ai commencé à écrire, mais je le faisais pour moi. » Son Mont des ourses est venu naturellement. « J’avais envie d’évoquer l’autorité, l’adolescence et le rapport avec la nature. »
L’histoire ne dit pas si ce mont des Ourses est un bout de Champsaur ou d’Ubaye. Qu’importe la vallée ! Le lecteur en trouvera les détails sur le parcours. « C’est le principe du conte et j’espère que les adolescentes vont s’en emparer puisque c’est un conte écoféministe, hors du temps, qui leur donne une large place dans l’émancipation » , dévoile Émilie Devèze. Elles y découvriront un format de famille pénible, un père, gendarme rigide et sa fille Hazel, demoiselle solitaire refusant l’autorité, bien décidée à mener l’enquête et à défendre celle que l’on accuse.