Bertrand du Chambon, Le Magazine des livres
Une auteure encore peu connue mais qui, je l’espère, grandira dans nos mémoires. J’avais reçu par voie postale plusieurs livres publiés par les Éditions du Sonneur, et j’avais lu le roman de Marie-Noël Rio, Pour Lili, paru en 2005, que j’ai trouvé simple et touchant. Par un heureux hasard, j’avais mis de côté, afin de le lire plus tard, le dernier roman de Marie-Noël Rio, Le Palmier en zinc, et je viens seulement de le redénicher, caché sous une pile de livres […]. Et voici un bref roman de 140 pages. Ce Palmier commence fort : « Lui, c’est l’exécré. L’homme aux culottes blanches, à la saharienne blanche, au casque blanc, aux longues chaussettes, aux sandales blanches. L’homme à la peau tannée, aux cheveux noirs collés en arrière, à l’âme pourrie. Lui, il parle rudement aux nègres, dressé devant eux dans sa morgue immaculée, il montre les caisses, les camions du bout de sa cravache de cuir noirci qu’il ne quitte jamais, dont il caresse ses mollets gainés de fil, dont il cingle parfois un bras, une épaule, des reins. » Cette tension va nous tenir en haleine durant tout le roman. La petite fille obsédée par sa mère, gorgée d’une haine farouche contre un père odieux, tourne en rond dans une Afrique fantôme où l’on n’aurait pas dû tenter de l’acclimater. Elle s’enfuit. […] J’ai dévoré ce livre d’une seule traite, ce qui ne m’était pas arrivé depuis belle lurette. Bon sang ! Cormac Mac Carthy et Marie-Noël Rio dans la même semaine ! L’année du Rat commence bien. Préparons-nous à lire navets et billevesées : les meilleurs livres sont déjà sortis.