Berline Est republicain

L’Est républicain • Magalie Delle-Vedove

Quand le corps est prisonnier, l’esprit s’évade. Dans Berline, Fernand convoque ses souvenirs d’enfance. Les douleurs, les joies remontent à la surface, par bribes. « Ce roman s’est construit de la même façon, affirme Céline Righi, par fragments. J’ai commencé à écrire quand j’étais à l’université à Nancy, il y a plus de 20 ans. Des notes, que j’ai laissées en plan. J’y suis revenue souvent, par à-coups »· Dans les intermittences, Céline Righi a été professeur de lettres, « presque 20 ans, un bon tour de la question » mais aussi animatrice d’ateliers d’écriture.
Par le jeu des rencontres, elle est devenue parolière : « Quand je vivais à Quimper, j’ai croisé Christophe Miossec, un jour, à l’aube. Je l’ai interpellé pour lui dire que j’aimais ce qu’il faisait. Le fait de lui parler a été un déclic. » À la sortie d’un concert d’Art Mengo, elle prend son courage à deux mains et lui confie des paroles de chanson, il la met en contact avec le groupe Scotch el Sofa. Dans la foulée la jeune femme prête sa plume à d’autres artistes comme Celia Reggiani, la fille de Serge. Elle cosigne des paroles avec Oxmo Puccino. « Un jour, j’ai eu envie d’écrire mes propres chansons et de chanter ». Elle coche les deux cases. Entre dans le trio Odonata à la fin de l’automne 2011, avant de donner naissance au duo SphereS avec le Strasbourgeois Yann Schaub. La chanteuse et parolière a trouvé sa place au milieu des mots. « Je savais que je finirai par écrire quelque chose de plus long. Mais, il faut du courage pour se poser. J’ai été épaulée par mes éditeurs, Marc Villemain et Valérie Millet. Écrire c’est une bénédiction et une malédiction. Il y a cette peur de ne pas réussir à poursuivre ». L’angoisse de la page blanche ? Oui. Mais maintenant j’ai compris qu’il faut laisser infuser. Les mots reviennent seuls. »
Ceux de Berline sont choisis. La prose est élégante. Elle est subtile quand elle évoque l’empreinte que laissent des origines italiennes quand on grandit dans un petit village du Pays-Haut. Subtile encore quand elle rend hommage aux grands-pères de la romancière, mineurs tous les deux. Le roman est teinté d’une touche sociale, il ne cède jamais à la tentation de la fresque. L’histoire de Fernand est librement inspirée de deux faits divers fascinants. « J’ai été bouleversé par l’histoire de Franz Riva, rescapé de la catastrophe de Rochonvilliers en 1919 et celle d’Auguste Berthou, survivant de la catastrophe de Courrières en 1906. Il a erré sous terre durant vingt-quatre jours ». Ce premier roman est un hommage ? « En quelque sorte, mais c’est sans doute aussi un roman d’introspection, confie la romancière, on écrit toujours pour aller à sa propre rencontre, non ? » Sans doute. Fernand est en tout cas agité de pensées universelles. La mort, l’amour, l’amitié balisent son voyage immobile. Et quand il convoque ses souvenirs de gosse avec Mario, le bon copain talien, quand il raconte la froideur de la mère ou le seul baisé échangé avec Martha, Céline Righi, la musicienne, la romancière sonne juste.

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