Antony Burlaud, Le Monde diplomatique

Antony Burlaud, Le Monde diplomatique

Quand il s’embarque en 1958 pour la Réunion, Roger Vailland, ébranlé par les révélations du rapport Khrouchtchev et par l’intervention soviétique à Budapest en 1956, s’est éloigné de la politique pour mieux se consacrer à ses plaisirs. Abordant l’île, c’est donc à l’expérience sensible qu’il s’intéresse. Mais, très vite, elle appelle et nourrit la réflexion politique. Comment, se demande-t-il, ce qui fut décrit par les premiers voyageurs comme un vrai paradis est-il devenu en trois siècles un pays ingrat, une “montagne de mâchefer et de scories […] de villes surpeuplées” ? Et Vailland d’évoquer, pour répondre à sa propre interrogation, les cruautés de la colonisation, le système de l’esclavage, les fiascos environnementaux, la surexploitation des hommes et du milieu… Le souci politique finit donc par imprégner tout le livre, mais sans que jamais celui-ci vire au pensum : d’un bout à l’autre, Vailland garde sa sensibilité, sa souveraineté et sa liberté d’écrivain.

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