Amélie La Cozannet, Les Lettres françaises

Amélie La Cozannet, Les Lettres françaises

Ce qui frappe dans l’Orient de Gobineau, et la préface le souligne avec pertinence, c’est qu’il est à la fois merveilleux et matériel…
Pas de ces soieries et de ce luxe à profusion qui firent rêver le XVIIIe siècle : l’Orient de Gobineau n’est pas celui du fantasme occidental. L’imaginaire n’est pas sollicité par un exotisme bon marché mais par la véritable présence de l’Orient. Le merveilleux de Gobineau, c’est celui du voyage, qui fait rencontrer l’Autre et impose tout à coup sa présence : c’est le ménage crasseux de Bibi-Djânem, entre eau-de-vie, chansons et coups de pantoufle, c’est ce muletier qui affirme que, dans un monde de voleurs, seule l’honnêteté des muletiers assure la possibilité du commerce, c’est la guerre contre les Turcomans (une guerre où l’on manque de poudre, les généraux l’ont vendue), c’est cette danseuse qui n’a vécu que pour retrouver le seul membre vivant de sa famille tout en le méprisant. Les destins racontés ne sont en rien ordinaires et donnent cependant l’impression d’avoir été pris sur le vif tant ils ont la puissance du vécu. Présence de l’Orient au-delà du mirage de l’Orient : il était temps que les Nouvelles asiatiques de Gobineau retrouvassent des lecteurs.

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