Film Les Notes

Les Notes • C.B et P.H

« Les gens qu’on dit de peu (…) ne laissent aucune trace. » On le vérifie en suivant les six générations d’une famille gersoise à partir de 1867. Fanette, fille de menuisier, ouvre le ban en quittant la maison familiale pour « servir » au Château du hobereau local, « pépiante colombe du corps ancillaire », bientôt fille-mère d’une petite Cécile et renvoyée. Cécile, la bâtarde, est à l’origine du mythe fondateur d’une ascendance aristocratique, premier maillon d’une chaîne où chacun n’aura qu’un désir : s’élever au-dessus de la misère endémique qui fait le peuple. Deux générations plus tard, il y aura Georges, le fils de Cécile, un plumitif, greffier sans talent qui assure l’accès au tertiaire, jusqu’à Paule, la toute dernière…
Croire à l’ascension sociale, quel leurre, quand les marqueurs du déterminisme social condamnent les transfuges de classe à des seconds rôles ou à la possession de biens matériels déjà démodés. Quels efforts, au féminin surtout, pour n’être plus « du peuple », ou ne plus « faire peuple » : comment sait-on qu’on a opéré « sa » transition ? L’analyse est juste, sans concession, portée par une écriture truffée d’expressions qui font mouche sans nuire à l’émotion, sur fond d’histoire sociale de la France. Un choix narratif astucieux : c’est au tournage d’un film que nous assistons, avec les interrogations du réalisateur, les modifications qu’il apporte, jusque dans le dernier plan. Cinéaste ou écrivaine, l’auteur ou l’autrice du Film du peuple parle vrai, tellement vrai.

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