Martine Laval, Le Matricule des anges

Martine Laval, Le Matricule des anges

Monsieur Leguat n’est pas uniquement un personnage de roman, il a bel et bien existé, né en 1638, mort en 1735. Il fut l’un de ces huguenots chassés de leurs terres et contraints à l’exil. Nicolas Cavaillès prête une énième vie à cet homme qui en connut plusieurs : homme de la terre en Bresse, marin sur les océans, roi d’une cour des miracles à Londres, écrivain conspué. Monsieur Leguat, voyageur et aventurier malgré lui, ne voulait rien tant que se consacrer à Dieu. Il chercha presque en vain toute sa très longue et violente existence, un lieu de paix, de prière, cette fameuse « île déserte » où se retirer du monde et de sa folie, un rêve, un mythe. Vie de monsieur Leguat est une mignardise à la langue sculptée. Ce court et premier roman est d’une richesse fort goûtue. Il peut se lire comme un livre d’aventure, un tour de la planète incroyable à la Robinson Crusoé. Il peut aussi se laisser prendre comme une recherche métaphysique de la destinée, de cette folle quête de l’ailleurs : « Leguat passe lui-même pour une ombre, il patiente encore sans plus savoir pourquoi, et doit constater la fin de l’exotisme, la mort de l’ailleurs : il a tant voyagé qu’il a épuisé le voyage, et une aventure lestée d’anciennes déceptions, d’anciens tourments, une aventure que ne grise plus aucun horizon mystérieux n’en est plus une. Plus rien ne peut advenir. » Plus rien ne peut advenir… sauf, peut-être ce livre-ci, belle offrande à la littérature, à ses mensonges, à ses vérités…

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